La classe ouvrière française au début des années 1880

Écrit par Yves Lequin

L’historien Yves Lequin revient ici sur les caractéristiques de la classe ouvrière française au début des années 1880, dans le souci de balayer plusieurs lieux communs historiques : l’ouvrier de la fin du XIXeme siècle français n’est pas l’ouvrier spécialisé du XXème siècle. Deux idées directrices structurent son article. D’abord, la classe ouvrière ne tient qu’une place modeste au sein de la société, majoritairement rurale. Ensuite, sa composition reflète l’état d’une économie nationale qui avance lentement dans la voie de l’industrialisation. Si l’industrie française multiplie sa production, c’est davantage par le développement des formes et des secteurs traditionnels que par la multiplication des usines. En ville, l’activité économique procède principalement de la petite entreprise, dans laquelle le travail demeure artisanal. L’artisanat demeure dominant au sein de l’usine également, puisque celle-ci consiste principalement en un rassemblement des métiers au sein d’un même espace. Les conditions sociales et économiques d’existence des ouvriers ne sont pas les mêmes, selon les lieux et les métiers. Deux grandes catégories d’ouvriers en fait peuvent être distinguées : les travailleurs occassionnels, de passage, sans qualifications, embauchés pour la journée, selon les besoins économiques des territoires ; les ouvriers de métier, dont les compétences techniques sont précieuses au patronat français. Les premiers ne sont pas organisés, et ne portent pas de revendication. Les seconds, en revanche, maintiennent la traditionnelle solidarité des métiers, et sont ceux qui s’organisent, depuis le début du XIXème siècle, au sein des mutuelles, des coopératives, puis des syndicats.

 

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