Écrit par Olivier Faure
Olivier Faure analyse dans cet article programmatique le rôle de la mutualité en matière de diffusion des soins et de médicalisation de la société au cours du deuxième XIXe siècle. La lutte contre la maladie en est effet rapidement devenue une action essentielle des sociétés de secours mutuels, et explique pour partie leur spécialisation actuelle dans la couverture des risques maladies. En rendant alors les malades solvables, les sociétés de secours mutuels parviennent à s’opposer à la rétribution à la visite et au libre choix du médecin, dont le pouvoir va néanmoins grandissant, dans la mesure où le rôle de contrôle de l’état de santé des nouveaux adhérents et de vérification des déclarations de maladie lui est rapidement dévolu. Par ailleurs, la pratique des sociétés de secours mutuels conduit à modifier les approches sociales de la maladie : la maladie se distingue désormais de la simple indisposition et de l’infirmité ; l’obligation faite au malade de rester à son domicile rompt les anciennes promiscuités, au sein des couches populaires, entre malades et bien-portants, tandis qu’une acculturation au respect du médecin et de ses ordonnances se fait jour progressivement. Lire la suite