Le rôle de la mutualité dans l’essor des soins (1850-1914). Premier aperçu

Écrit par Olivier Faure

Olivier Faure analyse dans cet article programmatique le rôle de la mutualité en matière de diffusion des soins et de médicalisation de la société au cours du deuxième XIXe siècle. La lutte contre la maladie en est effet rapidement devenue une action essentielle des sociétés de secours mutuels, et explique pour partie leur spécialisation actuelle dans la couverture des risques maladies. En rendant alors les malades solvables, les sociétés de secours mutuels parviennent à s’opposer à la rétribution à la visite et au libre choix du médecin, dont le pouvoir va néanmoins grandissant, dans la mesure où le rôle de contrôle de l’état de santé des nouveaux adhérents et de vérification des déclarations de maladie lui est rapidement dévolu. Par ailleurs, la pratique des sociétés de secours mutuels conduit à modifier les approches sociales de la maladie : la maladie se distingue désormais de la simple indisposition et de l’infirmité ; l’obligation faite au malade de rester à son domicile rompt les anciennes promiscuités, au sein des couches populaires, entre malades et bien-portants, tandis qu’une acculturation au respect du médecin et de ses ordonnances se fait jour progressivement. Lire la suite

Le débat sur le Grand Paris : quelle place pour le citoyen ?

Écrit par Serge Depaquit

La place du citoyen ne serait-elle pas la grande oubliée des débats actuels sur le Grand Paris ? Alors que les conséquences sociales et environnementales de ce projet seront vraisemblablement de grande ampleur, et que ses chances de succès reposent sur son appropriation citoyenne, ni les processus de décision, ni la gouvernance future du Grand Paris ne font réellement place à l’expression de la société civile. Il y aurait là, pourtant, matière à développer des démarches innovantes, et à concourir au renouvellement de notre démocratie. Lire la suite

Peut-il exister des politiques publiques de l’économie sociale ? Le cas des territoires. Contribution à la rencontre d’avril

Écrit par Gilles Rivet

En réaction à la rencontre du mois d’avril des Mardis de Polanyi et à la contribution de Laurent Fraisse, Gilles Rivet interroge ici la pertinence, si ce n’est la légitimité, des politiques publiques de l’économie sociale et solidaire : qu’elle se pense comme mouvement social ou même co-productrice de politiques publiques, l’économie sociale et solidaire ne saurait se voir privée de sa propre capacité démocratique à décider de ses orientations, assure-t-il, sauf à rompre avec ses propres fondements. Lire la suite

La menace écologique, un défi pour la démocratie

Écrit par Jean-Pierre Dupuy

La menace écologique en vue ne pèse pas uniquement sur la survie de l’humanité. Elle pèse également sur ses valeurs, puisqu’en l’absence de réactions à la hauteur de l’enjeu, il est probable que la démocratie disparaîtra tout bonnement de la surface du globe, la menace sur la survie se transformant en lutte des uns contre les autres pour survivre. Dans l’objectif d’éviter ce sombre avenir, Jean-Pierre Dupuy propose ici de revisiter quelques fausses idées à propos de l’écologie politique, afin de la défendre – puisque c’est elle qui porte sur la place publique les inquiétudes que les scientifiques nourrissent dans le secret de leur laboratoire : l’écologie politique n’est ni un anti-humanisme, ni l’ennemie de la science, de la technique et de la démocratie libérale, ni simple responsabilité vis-à-vis des générations futures. Elle n’est pas non plus régression des démocraties dans l’univers sacré et ses apocalypses, poursuit Jean-Pierre Dupuy, tout en assurant qu’un catastrophisme apocalyptique (qui peut être d’inspiration religieuse, et qui doit être laïc) est plus que jamais nécessaire : sans lui, les démocraties ne prendront pas à bras le corps la question écologique, de sorte qu’elles seront balayées par les catastrophes et les crises à venir. Le pessimisme, parfois, peut éviter que l’irréparable ne soit commis… Lire la suite

La démocratie sociale au sein des organisations de l’économie sociale. Contribution à une discussion…

Écrit par Gilles Rivet

Pour poursuivre les discussions engagées à l’occasion des Mardis de Polanyi, Gilles Rivet interroge la faible prise en compte de la question démocratique interne par les organisations de l’économie sociale. Historiquement, les organisations de l’économie sociale se sont trop centrées sur le consommateur, et insuffisamment sur le producteur : leurs salariés aujourd’hui ne sont guère conviés à la prise de décision. « Il est donc sans doute temps que l’économie sociale procède à sa propre radicalisation démocratique, en considérant qu’elle ne peut exclure le fonctionnement de ses organisations de son ambition démocratique générale ». Lire la suite

La démocratie est-elle une superstructure du capitalisme ? Un regard de Karl Polanyi sur le marxisme

Écrit par Jerome Maucourant

L’objectif de cet article de Jérôme Maucourant est de montrer comment Karl Polanyi élabore un marxisme à visage humaniste, promouvant une politique de contrôle de l’économie par la démocratie politique. Contrairement à la « sociologie pseudo-marxiste », il ne s’agit aucunement, pour Polanyi, de dénier à la démocratie tout rôle essentiel au motif qu’elle ne serait qu’une simple superstructure du capitalisme. Seule la démocratie politique est en mesure de mettre fin à la détermination des règles politiques par les firmes. Et d’éviter que les populations, mécontentes de la gestion de la crise socio-économique et écologique, ne se tournent finalement vers les solutions autoritaristes. Lire la suite